C'est partit pour l'aventure !
Je ne connaissais absolument pas la machine. Je n'en avais jamais approché, et même si j'ai fait le portage de l'émulateur BBC Micro pour Recalbox, j'étais très loin de maitriser tous les arcanes des BBC Micro.
Mais ce passage par l'émulateur m'a appris une chose. Ces machines sont très riches et complexes. Alors, je vais suivre la consigne pour une fois, et RTFM !
La machine est pourvue d'une extension "DataCentre" de RetroClinic, un passionné de ces machines qui a conçu beaucoup de cartes pour améliorer les BBC ou émuler d'anciennes extensions introuvables aujourd'hui (comme les TUBEs)
Avec la machine, j'ai reçu le manuel d'utilisation, ainsi que celui du DataCentre. Les deux sont en parfait état !
La documentation de la machine regorge d'informations. Mais vous vous doutez bien que, heureux comme un gosse qui vient d'ouvrir un cadeau de Noël, je me suis empressé d'aller m'amuser sur le clavier plutôt que de tout lire d'un coup !
Outre les instructions BASIC et les commandes de l'OS, on y trouve aussi des informations sur les connecteurs de l'appareil, ce qui m'a permis de refaire un câble RGB qui embarque le son.
J'y reviendrai plus tard 😉
Les commandes rom-agnostic
En dehors du BASIC lui-même, ou de tout autre langage installé, les BBC ont un système de commande indépendant de la ROM qu'on a lancée. Je suppose, que c'est l'OS qui en gère la majorité.
Quel que soit l'interpréteur dans lequel on se trouve, on peut utiliser les commandes système en les précédents d'un astérisque : *CONFIGURE, *RAM, *TAPE…
Et il y en a beaucoup... vraiment beaucoup !
Et il y en a beaucoup... vraiment beaucoup !
Mon plus gros souci, a été de comprendre comment on manipule les différents périphériques.
En lisant le manuel de RetroClinic, j'ai appris rapidement à lire le contenu de ma clef USB et à monter les images disques dans des lecteurs virtuels.
Mais je ne savais toujours comment accéder au disque dur (sur Compact Flash) IDE.
Il m'a fallu un moment, et pas mal d'expérimentations pour comprendre les différents resets et les "filing systems"
Les Filing Systems
C'est en réalité la clef de voute des BBC. En français, on peut le traduire par "Systèmes d'archivages". Ramené à un ordinateur, ça signifie simplement, les différents supports de stockage.
À la différence qu'ici, tout est filing system ! Même les cartouches. Le BBC Master dispose de 2 ports cartouches, et y accéder, requiert l'utilisation du filing system ROM.
On bascule d'un FS à un autre avec les commandes :
- *TAPE : Lecteur K7
- *DFS : Lecteur disquette
- *ADFS : Disque dur, c'est lui qui me permet d'accéder à la Compact Flash en IDE.
- *ROM : Cartouche (curious isn't it? 😅)
- *NET : EcoNet, le nano-reseau made in Acorn
- *RAM : Celui-là c'est le DataCentre. 1Mo de RAM, permettant d'émuler 4 lecteurs de disquettes virtuels, et même un cinquième, résident.
Chaque FS peut être configuré en auto-boot ou pas. Je n'ai pas de lecteur de K7 pour l'instant, mais ce sera amusant à tester avec 😁
Tous ces FS sont gérés par différentes ROMS, dont je peux avoir la liste avec la commande *ROMS.
Je dois dire que pour une conception de 1980/81, je suis réellement impressionné...
Milles et une façon de faire reset...
J'ai mis un moment également à comprendre les différents RESET.
Sur cette machine, la touche break fait un soft-reset. Mais combinée avec d'autres touches, ça change tout :
- BREAK : Soft reset. Si le dernier FS était configuré en Auto-boot, il démarre. Idem à l'allumage à froid d'ailleurs.
- CTRL+BREAK: Hard reset.
- SHIFT+BREAK: Soft+reset + auto-boot du dernier FS sélectionné.
Une fois qu'on maitrise, on peut commencer à faire des choses amusantes
Donc, un petit coup *ADFS suivit d'un *CONFIGURE BOOT et la touche BREAK fera booter mon disque dur. Je peux aussi me passer du *CONFIGURE et faire un SHIFT+BREAK. Mais le *CONFIGURE m'assurera que le disque bootera au prochain allumage !
Un disque dur IDE, sur un 8bit... Rendez-vous compte !
J'ai appris aussi que la touche R pendant un BREAK ou un SHIFT-BREAK, permet de basculer sur le FS RAM du DataCentre. Pratique pour booter un jeu monté dans un lecteur virtuel, d'ou qu'on soit.
Mais j'ai aussi appris à mes dépens que la touche R à l'allumage de la machine fait un reset CMOS ! Comme un BIOS de PC 😅
En voyant ça à la place du BASIC, vous imaginez bien ce que j'ai pu me dire: "Oooooh shit !"
Heureusement, dans le manuel on trouve tout ce qu'il faut pour tout reconfigurer avec la commande *CONFIGURE
On peut aussi passer par l'application de configuration, disponible d'ailleurs dans le menu qui se charge lorsqu'on boote le disque dur.
Bien sûr, tout est détaillé dans le manuel, parce que certains pictos sont loin d'être évidents !
Et les jeux ?!
Les jeux, il y en a eu beaucoup sur cette machine. Même si c'est une machine Britano-britannique, la ludothèque est riche.
On peut monter un GOTEK bien entendu, ce qui devrait assurer une compatibilité à toute épreuve des jeux.
Mais avec DataCentre, je peux quand même monter une image disque dans un lecteur virtuel facilement.
Un coup de *RAM et de *CAT 5 pour lister ce que j'ai sur la clef USB, puis un *IMPORT PRINCE~1.SSD pour monter Prince of Persia dans le drive virtuel #0.
Il me restera à faire un SHIFT+BREAK pour lancer le jeu 😁
Un coup de *RAM et de *CAT 5 pour lister ce que j'ai sur la clef USB, puis un *IMPORT PRINCE~1.SSD pour monter Prince of Persia dans le drive virtuel #0.
Il me restera à faire un SHIFT+BREAK pour lancer le jeu 😁
Mais en fait... ça ne fonctionne pas. Certains jeux accèdent aux DFS directement et ne fonctionnent pas en drive virtuel.
Mais pas de panique, RetroClinic avait tout prévu ! Un petit coup de commande *DTRAP, et les commandes DFS sont déroutées vers DataCentre ! Et hop, la magie opère une nouvelle fois !
Je pense avoir fait un petit tour rapide de cette machine vraiment impressionnante.
Il me reste encore tant à découvrir, qu'il est possible que je fasse une partie 3 plus tard.
Si vous avez l'occasion d'en trouver un, ou même un BBC micro, foncez !
Pour ma part, il est possible que je me procure d'autres joujoux de chez RetroClinic, comme leur émulateur TUBE à base de Raspberry Pi, capable d'émuler tous les processeurs TUBEs des années 80, ou même d'utiliser l'ARM du Pi nativement !
Mais... y a-t-il au moins des défauts sur ces machines ?
Oui, il y en a, comme partout.
Le premier m'a amené à refaire un câble RGB, que je n'ai pas encore testé au moment où j'écris ces lignes 😅 Il s'agit du SON !
Non non, il n'est nullement question de la qualité du son de la machine, qui pour une conception de 80 est plus qu'honorable avec ces 4 canaux.
Il s'agit d'un problème physique, qui agace nombre de possesseurs de la machine. Le son sort par un haut-parleur intégré à la machine, sans aucune solution pour régler le volume sonore ! Il est au maximum tout le temps.
On peut modifier le boitier en ajoutant un potentiomètre qu'on ira connecter au pied du HP, mais il existe une solution plus efficace :
Refaire un câble RGB en piquant le son sur la sortie arrière de la machine et débrancher le HP interne. Hop, je peux maintenant régler le volume sur la TV 😁
Le second est plus problématique. Il s'agit de la palette fixe de 8 couleurs du chip graphique choisi par Acorn.
C'est très limité. En réalité, il y a 16 couleurs. 8 couleurs primaires, et 8 couleurs clignotantes. Mais ça ne change rien au fait que c'est très limité.
Acorn n'a pas vraiment mis l'accent sur les jeux. Le chip graphique est capable de monter haut en résolution pour l'époque, mais dispose d'un jeu de couleur faible et ne permet aucune accélération matérielle pour les sprites, scrollings, etc.
La puissance brute de la machine compense un peu ces absences, mais les couleurs restent le principal défaut "visible" des Acorn.
Malgré tout, les graphistes ont redoublé d'astuce pour produire des jeux de qualité, comme le montre les screenshots ci-dessous :
Malgré tout, les graphistes ont redoublé d'astuce pour produire des jeux de qualité, comme le montre les screenshots ci-dessous :
Et Acorn dans le reste du monde ?
Malheureusement pour nous, les Acorn se sont très peu exporté en dehors du Royaume Britannique.
Il y a plusieurs raisons à ça.
Tout d'abord, le manque de stratégie commerciale/marketing. Acorn est une boite ultra-pointue en terme technique, mais on a beau avoir le meilleur produit du monde, si on ne sait pas le vendre, on ira moins loin que d'autres qui ont des produits plus médiocres, mais qui savent les vendre !
La BBC a permis à Acorn de se faire une place de choix en Angleterre. Sans eux, nul doute que l'aventure se serait arrêtée plus tôt.
La BBC a permis à Acorn de se faire une place de choix en Angleterre. Sans eux, nul doute que l'aventure se serait arrêtée plus tôt.
Ensuite, il y a le prix. Car proposer des machines aussi pointues, aussi extensibles, et avec des RAM qu'un seul constructeur est capable de produire, va faire grimper sérieusement la facture !
On est entre 300£ et 400£ à l'époque. Ramenés en Euros actuels, ça donne une machine à 2000€. Pas à portée de toutes les bourses...
Enfin, et c'est pour nous, joueurs retros, le point le plus négatif des machines Acorn: Les 8 couleurs fixes !
Hors du marché Britannique, la machine se retrouve en concurrence frontale avec les Atari, les Commodore et beaucoup d'autres, qui affichent fièrement des jeux aux couleurs bien plus riches !
Hors du marché Britannique, la machine se retrouve en concurrence frontale avec les Atari, les Commodore et beaucoup d'autres, qui affichent fièrement des jeux aux couleurs bien plus riches !
Voilà pourquoi, ces machines aux capacités formidables, sont restées cloisonnées au seul marché Anglais.
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